C’est la question que ma fille m’a posée hier soir…
Ma fille de six ans a été convoquée chez la directrice.
Avec sa copine, elles ont, pour rire, dit un très gros mot à des collégiens qui passaient dans la cour, ce qui a fait marrer les collégiens. Une surveillante passait par là, et les a dénoncés à la directrice.
RDV dans son bureau pour se faire remonter les bretelles sévèrement.
Ma fille a voulu s’expliquer, la directrice lui a répondu : “Je ne veux pas savoir ! On ne répond pas !”
Voilà, nous y sommes…
On est exactement dans cette domination de l’adulte sur l’enfant qui coule dans nos veines et dont nous n’avons même pas conscience.
“Le droit de se défendre”… Même les plus grands criminels n’ont-ils pas le droit de se défendre ? Le droit d’expliquer, de donner leur point de vue ?
Pourquoi a-t-on un jour décidé dans la loi que chacun avait le droit d’être écouté, et de se défendre ?
Peut-être déjà parce qu’il existe des cas où la personne qui accuse se méprend sur ce qu’elle a cru voir ou cru entendre. D’ailleurs, cela est arrivé plus d’une fois qu’un de mes enfants arrive en pleurant à la maison pour s’être fait gronder ou punir à tort à l’école. Pas vous ? Si on ne laisse pas la personne s’expliquer, on passe parfois à côté de la réalité.
Est-ce que sanctionner sans écouter l’enfant ni chercher à le comprendre est efficace ?
“Engueuler” quelqu’un sans chercher à le comprendre vraiment, est-ce vraiment ce qu’il y a de plus efficace ? Car au final est-ce que l’on souhaite qu’il ne recommence pas de peur de la sanction, ou est-ce que l’on souhaite qu’il ne recommence pas car suite à une discussion il a remis en question la pensée qui l’a conduit à agir ainsi ? Mais, encore faut-il discuter de cette pensée…
C’est comme si on sanctionnait tous les parents qui ont tapé un jour leur enfant, au lieu de combattre une société qui pousse les parents à l’épuisement, et notre culture de domination avec toutes ses croyances “un enfant doit obéir à un adulte”, “s’il ne fait pas ce que je lui demande c’est qu’il ne me respecte pas” , ces pensées qui précèdent la violence, et qui l’engendrent. Si on sanctionne, sans comprendre, sans discuter, il me semble que l’on ne règle pas le problème de fond. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le taux de récidive des prisonniers sortant de prison est si catastrophique :
D’après le ministère de la Justice (étude publiée en 2025, sur les sortants de prison entre 2016 et 2020) :
- Dans l’année qui suit la sortie de prison 👉 environ 34,2 % personnes récidivent
- Dans les 5 ans après leur sortie 👉 environ 2 détenus sur 3 récidivent !
Au vu de ces chiffres, la sanction est-elle vraiment efficace ?
Alors…
Ne devrait-on pas au contraire, pousser notre enfant à s’exprimer, à se défendre, à donner son point de vue ? Ne devrions-nous pas, au contraire, l’écouter, et lui dire que son point de vue – quel qu’il soit – est intéressant ? Certes c’est moins “pratique” pour nous adultes, cela demande plus de temps, mais n’est-ce pas ce à quoi nous devons aspirer ?
Et les résultats ensuite sont là … (message d’une maman que nous accompagnons dans l’appli’ Cool Parents) :

Guider notre enfant, au lieu de le sanctionner, ô combien c’est difficile, car nous avons hérité nous-mêmes de cette culture de la domination et de la sanction des enfants. Mais si tu souhaites moins crier, moins menacer, moins punir, les accompagnements de CPMHK sont faits pour ceux qui veulent évoluer, et plus rapidement. Le 15 janvier 2026 on démarrera une nouvelle année tous ensemble dans l’appli, si cela t’intéresse, tiens-toi prêt 💪😊
Faire comprendre à notre enfant que sa parole vaut moins que celle d’un adulte, est-ce utile ?
Quand nous considérons de fait, à l’école entre professeur-enfant, ou à la maison entre parent-enfant, que s’il y a un différend, c’est forcément l’enfant qui a tort, notre enfant va, il me semble, intégrer qu’il a – de fait – moins raison qu’un adulte.
Ma fille m’a raconté l’histoire quelques mois après (et difficilement, elle n’osait pas) parce qu’elle avait honte. Dans une autre dimension, n’est-ce pas cette même honte qui a empêché les enfants de Bétharram de parler ? Car au final, les écoliers qui se faisaient frapper, ne l’avaient-ils “pas bien mérité” ? Et si c’était cette même honte qui avait poussé la fille de Bayrou à ne pas parler de l’épisode où elle s’est fait traîner par terre par un prêtre ? Car pour elle à l’époque, forcément elle avait mal agi si un adulte la punissait ainsi…
Si dans les petits épisodes de la vie quotidienne, on ne permet pas à l’enfant de s’exprimer, et on lui inculque que les adultes ont toujours raison, et que son avis importe peu, comment peut-on espérer que la parole de l’enfant se libère sur toutes les petites et grandes violences qu’il subit ?
“Oui mais s’il a mal agi, c’est normal qu’il ait honte !”
Je ne suis pas certaine de cela… Quand je suis face à des parents que nous accompagnons, et qui hier soir se sont emportés, je ne souhaite pas qu’après une discussion entre eux et moi, ils ressortent pleins de honte. Non vraiment pas. Je souhaiterais plutôt qu’après avoir échangé, ils considèrent qu’en effet ce qui s’est passé hier n’est pas la meilleure chose, et en ayant compris ce qui les a poussés à agir ainsi, à voir la situation de façon différente, de façon à ce qu’ils réagissent différemment la fois prochaine. Je préfère qu’ils ressortent de là en se disant “c’était éclairant” plutôt que “j’ai trop honte, je me suis fait engueuler”. Tout comme, je préfère que ma fille ressorte de chez la directrice en se disant “c’était éclairant” plutôt que “j’ai honte, je me suis fait engueuler”…
Et d’ailleurs, si la directrice avait en effet fait le choix de la discussion, je serais bien intéressée de voir quel éclairage elle aurait pu donner. Car si on sort de nos dogmes, une situation où des mots n’ont pas été dits avec une intention de blesser, et en plus, ont fait marrer les autres, et n’ont blessé personne, pas simple de faire prendre conscience à l’accusé de ce qu’il a fait de “mal”… Mais on peut en revanche lui dire qu’il a eu de la chance sur ce coup-là, et qu’une prochaine fois ces mots insultants pourraient blesser (et encore s’ils sont dits avec rigolade, pas si sûr…)
Peut-être que parfois nos dogmes, et notre intolérance, nous poussent – nous parents ou responsables des enfants – à être violents ? Cette même violence que nous dénonçons et qu’au final nous utilisons.
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