« Moi, je me souviens d’avoir tant écouté les experts au lieu de m’écouter moi… Le pédiatre qui me disait de laisser pleurer mon enfant la nuit, alors que cela me tordait le ventre, la psy qui me disait de ne jamais le laisser pleurer la nuit, alors que j’étais exténuée, au bord du burn-out, de me lever toutes les nuits. »
— Emmanuelle, maman de deux enfants
La dictature des injonctions
Combien sommes-nous de parents aujourd’hui à nous épuiser pour respecter un tas d’injonctions sans vraiment en connaître l’importance ?
“Tu te brosses les dents deux fois par jour !”
“Tu manges tes légumes à chaque repas !”
“Si tu ne sors pas sans ton pull, tu vas attraper un rhume !”
“Tu as intérêt à avoir de bonnes notes si tu veux réussir !”
“Pas d’écran avant 3 ans !”
“On se lave les mains en rentrant !”
Et parfois, on y met tellement d’importance que certains sujets deviennent des sources de tensions quotidiennes. Ajoutons à cela toutes les peurs que certains parents subissent :
- “Les urgences sont pleines d’enfants qui se sont empalés avec leur brosse à dents !”
- “Pas de baignade après manger, risque d’hydrocution !”
- “Pas plusieurs enfants sur le trampoline, c’est extrêmement dangereux !”
Et à force d’allonger la liste des choses à faire, et la liste des interdits à faire respecter, nous, parents, nous épuisons…
Mais d’où vient cette pression ?
La presse, les institutions, les experts, les médecins, les médias nous bombardent de recommandations “à surtout faire” ou “à surtout éviter”. Une liste longue comme le bras, qu’il faudrait respecter scrupuleusement, au détriment du libre arbitre parental, qui peut lui tenir compte aussi de la réalité du quotidien.
Mais vous, connaissez-vous le pourcentage de risque réel d’hydrocution si un enfant se baigne après manger ?
De combien augmente-t-on le risque de carie en se brossant les dents deux fois par jour plutôt qu’une seule ?
Et au regard de ces chiffres, vaut-il la peine de partir en “crise atomique” avec son enfant ?
La vérité, c’est que non, vous ne savez pas. Parce que personne ne nous donne les chiffres.
Exemple 1 : la listériose
Beaucoup de femmes enceintes suivent à la lettre l’interdiction des fromages au lait cru, des coquillages crus, des viandes ou poissons crus (sushi, tartare, etc.) ou encore des viandes peu cuites, pour éviter la listériose.
En France, il y a 350 à 400 cas de listériose par an, principalement chez des hommes de plus de 60 ans. D’après l’Inserm, la bactérie se développe surtout dans les frigos mal lavés ou les aliments conservés trop longtemps. Je vous laisse faire le lien entre ces deux phrases 🙂
Chaque année, environ 8 fœtus meurent de listériose.
Cela correspond à un risque de 0,000011 % pour une femme enceinte. Même si toutes mangeaient du fromage au lait cru, le risque serait au pire multiplié par trois.
Comparons :
- C’est moins que le risque de mourir dans un accident de la route (0,000050 %)
- Et c’est 126 fois moins que le risque d’apprendre, cette année, qu’on a un cancer.
Avec une information claire comme :
- “La listériose est surtout liée à un problème d’hygiène de frigo et d’aliments périmés.”
- “Le risque pour un fœtus quand vous mangez du fromage est du même ordre que celui d’un accident mortel de voiture quand vous prenez la voiture.”
Chaque femme pourrait décider librement d’adapter — ou non — son alimentation, sans subir une pression démesurée.
Exemple 2 : le trampoline
Récemment, une vidéo de Jimmy Mohamed (médecin médiatisé) a fait plus d’un million de vues. Sur RTL, il affirmait :
“Le trampoline est l’activité la plus dangereuse qui existe. (…) 800 000 enfants blessés aux États-Unis ! Un enfant peut se casser un peu près tous les os du corps au trampoline. (… ) Non seulement les accidents sont fréquents, mais, ils sont en augmentation, et ils sont très graves. Pas de trampoline avant 6 ans, ni après 6 ans ! Achetez plutôt un instrument de musique, ça fait du bruit mais ça n’a jamais tué personne.”
De quoi flipper…
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Mais 800 000 enfants blessés, est-ce beaucoup ou pas beaucoup ? Sur combien d’années ? Sur combien de pratiquants ? Et comparé aux autres sports ? Au rugby, au foot, au ski ? On ne sait pas. Et lui non plus, car les statisticiens n’ont pas fait de statistiques de risque sur le sujet.
Quant à l’idée que le trampoline “tue”, elle est fallacieuse : aucun décès lié au trampoline n’a été recensé en France ni aux États-Unis ces dernières années.
En plus de cela, dans son discours le risque n’est pas mis en balance avec les bénéfices : le trampoline fait bouger les enfants, alors que la France est classée 119ᵉ sur 146 pays pour l’activité physique des adolescents (OMS)… Belle perf… En 25 ans, les enfants ont perdu 40 % de leurs capacités cardio-vasculaires.
Reprendre notre pouvoir
Nous ne pouvons plus laisser les experts et les institutions nous abreuver d’injonctions, au lieu de nous donner des informations. Nous ne pouvons plus accepter qu’ils présentent leur point de vue comme une vérité absolue.
Les médias et les réseaux sociaux, influencés par les “likes” et les commentaires, ajustent leurs contenus en permanence. Nous avons donc un pouvoir : exiger des chiffres, des sources, des comparaisons.
Plus il y aura de pression pour plus de transparence, moins les experts faire passer leur opinion pour une vérité générale, et se sentiront davantage obligé de fournir une information claire, chiffrée, nuancée, au risque de faire fustiger.
C’est ainsi que, les parents subiront moins une pression parfois démesurée et pourront mieux décider en fonction de leurs propres limites et celles de leur enfant.
Moins d’injonctions. Plus d’informations. 💪
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Sources :
(1) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation : https://www.anses.fr/fr/content/quest-ce-que-la-listeriose-et-comment-sen-premunir
(2) https://www.inserm.fr/dossier/listeriose/
(3) https://www.pasteur.fr/fr/centre-medical/fiches-maladies/listeriose
(4) Détail du calcul : En France : 678 000 naissances en 2023 + 8000 mortinaissances , sans prendre en compte les fausses couches on obtient 8/686000 = 0.000011%
(5) 3 432 décès sur la route ÷ 68 600 000 habitants ≈ 0,00005% https://www.interieur.gouv.fr/actualites/communiques-de-presse/bilan-provisoire-de-laccidentalite-routiere-en-2024-mortalite-sous
(6) En 2023, le nombre total de nouveaux cas de cancer est estimé à 433 000 versus 3400 décès mortel de la route. https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers
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