Crier, répéter, s’époumoner… L’éducation des enfants n’est pas toujours facile. Parfois, on s’arque boute pour ne pas se laisser faire. D’autres fois, on lâche l’affaire pour s’offrir un peu de tranquillité… pas facile de trouver le juste-milieu ! C’est pourquoi la Discipline Positive propose une méthode éducative entre bienveillance et fermeté qui vise à créer une relation mutuellement respectueuse.
L’objectif de cette méthode est de développer l’autodiscipline, l’autonomie, la responsabilité, l’envie d’apprendre et l’attention aux autres… Une méthode miracle ? Non. Simplement des principes pleins de bons sens appuyés sur de solides études. Le plus difficile restera de les appliquer 😉
Voici 4 clés et 6 outils pour appliquer la Discipline positive à la Maison.
Qu’est-ce que la Discipline Positive ? Définition
La Discipline Positive est née aux Etats-Unis dans les années 70 sous l’impulsion de Jane Nelsen(1) et Lynn Lott. Alors mère de 5 enfants (7 aujourd’hui ! ?) et étudiante en psychologie de l’enfant, Jane Nelsen était frustrée de ne pas trouver d’outils lui permettant d’élever ses enfants dans le respect et la joie. En s’appuyant sur les travaux des deux psychiatres autrichiens Alfred Adler (1870-1937) et Rudolf Dreikurs (1897-1972), elle a mis au point une méthode éducative offrant une alternative aux pédagogies autoritaires ou laxistes : la Discipline Positive.
Introduite en France par Béatrice Sabaté, psychologue clinicienne et maître formatrice qualifiée en Discipline Positive, la méthode vise à développer les compétences sociales de l’enfant au travers d’une relation respectueuse. Ni permissive, ni punitive, elle respecte à la fois les besoins de l’enfant et de l’adulte.
Les 5 critères fondamentaux de la Discipline Positive
Voici les 5 critères que Jane Nelsen pose comme fil rouge de sa méthode :
- Adopter une discipline ferme et bienveillante, encourageante et respectueuse.
- Aider les enfants à développer le sentiment d’appartenance et d’importance.
- Permettre à l’enfant d’acquérir des compétence de vie essentielles en lui permettant de développer sa personnalité en agissant avec respect, intérêt pour les autres, responsabilité et coopération.
- Inviter l’enfant à avoir confiance en soi et à croire en son potentiel.
- La Discipline Positive est efficace sur le long terme. (Mais rassurez-vous, on sent rapidement les effets à court terme aussi 😉.)
4 clés pour appliquer la Discipline Positive à la Maison
Clé n°1 : L’appartenance à un groupe, un besoin fondamental
Pour se sentir bien, tout humain a fondamentalement besoin d’appartenir à un groupe. Théorisé par Alfred Adler au début du XXe siècle, il a été développé par Jane Nelsen dans le cadre familiale.
L’enfant a besoin de se sentir désiré, d’avoir une place, qu’il s’agisse de la famille, de l’école ou plus largement de la société. Permettre à l’enfant de se sentir utile, dans la mesure de ses capacités, est une clé de son bien-être et de son envie de participer. Au passage, celui lui permettra de développer ses habiletés et d’être fier de lui.
Alors, mettre la table, éplucher les carottes ou débarrasser le lave-vaisselle : laissons-les faire s’ils en ont envie !
Clé n°2 : Des échanges basés sur le respect de chacun
Dans la Discipline Positive, le respect mutuel est la clé. Adultes et enfant sont sur un pied d’égalité. Les besoins de chacun sont pris en compte et on essaie de trouver une solution qui satisfasse tout le monde.
Famille, couple :
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Une éducation autoritaire ou coercitive ne prendra en compte que les besoins de l’adulte et l’on cherchera à contraindre l’enfant à faire ce que l’on attend de lui. L’adulte ordonne, l’enfant obéit. On cherchera donc plus la soumission, qui engendrera la frustration et la perte de repères.
À l’inverse, une éducation permissive ou laxiste ne sera qu’à l’écoute des besoins de l’enfant, l’adulte se pliant aux exigences. Là aussi, la frustration sera au rendez-vous et la relation en déséquilibre.
À mi-chemin entre les deux, la Discipline Positive va chercher à développer une relation harmonieuse qui répondra aux besoins de chacun.
Il est donc primordial que chacun soit conscient de ses besoins (mmh mmh, ça me rappelle quelque chose… La CNV par exemple ?) et puisse les exprimer posément pour trouver ensemble une solution.
Outil Discipline Positive :
S’installer en famille autour d’une table et décider ensemble des règles à tenir est un des outils phare de la méthode : cela permet de développer le sentiment d’appartenance (j’ai une place dans la famille et je suis écouté), le sens de la responsabilité (on compte sur moi) et l’envie de coopérer.
Clé n°3 : La punition, une vision à court terme
La balance : Récompense / Punition. Le problème de ces principes un peu “old school”, c’est qu’il place la référence en dehors de nous. C’est-à-dire que je fais les choses pour être récompensé ou pour ne pas être puni. Pas nécessairement pour moi ou parce que je juge que c’est bien. Sur le long terme, Jane Nelsen résume les résultats de la punition avec les “4 R” :
- Rancœur : sentiment d’injustice et de ne pouvoir faire confiance
- Revanche : je me renforce et la prochaine fois, je gagnerai !
- Rébellion : puisque c’est ainsi, je vais faire l’inverse de ce qu’on me demande !
- Retrait : je dissimule pour ne plus me faire prendre.
D’ailleurs, si vous avez envie de sortir du cercle vicieux punition-récompense, de trouver quelques clés de l’éducation positive, et éduquer vos enfants dans la coopération plutôt que la confrontation, CPMHK nous a préparé un pack spécial “Oui Papa, oui Maman” avec toutes les clés pour les faire coopérer (sans crier ) ! Pour le recevoir gratuitement, laissez-nous votre email ci-dessous. Vous y trouverez des conseils, des idées et des pistes qui peuvent réellement changer les choses à la maison – sans être trop compliqués à mettre en place.
Clé n°4 : Tout comportement a une raison d’être
Derrière chaque “mauvais” comportement, il y a un message. Ces actions que nous jugeons comme inadaptées ont une raison d’être, souvent inconsciente pour les enfants… et pas si facile à appréhender en tant qu’adulte. L’enfant peut ainsi chercher à :
- Attirer, voire accaparer, l’attention : “je n’ai pas de valeur si tout ne tourne pas autour de moi”.
- Prendre le pouvoir.
- Prendre une revanche (faire souffrir) : “ils gagnent cette fois-ci, mais la prochaine fois, c’est moi qui gagnerais !” Cette attitude peut découler d’une frustration qui a pu naître à l’occasion d’une précédente punition. Le sentiment n’a pas été écouté et la rancœur s’est installée.
- Confirmer une croyance d’incapacité (se désengager) : “puisque tout le monde croit que je ne suis pas capable, je leur prouve qu’ils ont raison et on me fiche la paix”.
Il appartient à l’adulte de chercher à comprendre les besoins insatisfaits et les émotions associées liés à ces comportements. Permettre à l’enfant d’en prendre conscience et de les exprimer va souvent apaiser la situation.
6 outils pour appliquer la Discipline Positive en famille
Outil n°1 : Connecter avant de corriger : de l’amour et du lien
D’abord, un message d’amour. D’abord et toujours.
Pour Jane Nelsen, toute l’éducation passe d’abord et avant tout par la connexion, le sentiment d’appartenance. Si nous ne sommes pas en lien, la relation est biaisée et la juste solution ne peut émerger. À nous de retrouver cette connexion, prendre un moment pour s’intéresser, être à deux (seulement deux !), écouter réellement de façon active, partager nos sentiments de manière appropriée… On pourra ensuite essayer de trouver une solution AVEC l’enfant (pas discrètement tenter de leur faire croire que notre solution vient d’eux ?)…
Outil n°2 : L’erreur comme moyen d’apprendre et de s’améliorer
« Tu t’es trompé ? C’est merveilleux ! » disait Jane Nelsen.
Changement de paradigme. L’erreur est une chance et non une faiblesse. Et si nous en faisions un formidable moyen de s’arrêter et de réfléchir à ce qui s’est passé qui a provoqué cet “échec”. Personne n’est parfait alors prenons le temps de décortiquer les causes et essayer de mettre en place les 3R :
1- Reconnaître sa Responsabilité.
2- Se Réconcilier.
3- Résoudre : trouver une solution, seul ou ensemble.
Outil n°3 : Prendre un temps de pause et de reconnexion à soi
Lorsqu’une situation conflictuelle, une crise apparaît, la meilleure méthode peut être… de sortir de la pièce. Je me rappelle un jour où mon fils était très en colère après moi. J’ai tourné les talons et suis sortie avant que la colère ne monte pour moi-aussi. Ensuite, une fois les émotions apaisées pour nous deux, j’ai pris le temps de poser des mots : “Je comprends que tu sois en colère. Je respecte ce sentiment, mais pas la façon dont tu t’es adressé à moi. Je te propose que l’on chercher une solution ensemble ?”
Bien sûr, c’est un changement de mode de communication, pour lui comme pour moi. Au début, il était un peu incrédule, voire méfiant. Avec le temps, chacun retrouve de nouvelles marques et de nouveaux réflexes. Imaginez que votre boss autoritaire change de technique du jour au lendemain… On resterait sur nos gardes non ?
Outil n°4 : Poser des questions de curiosité
Pour aider nos enfants, on peut aussi essayer de leur poser des “questions de curiosité” :
- Que s’est-il passé ?
- Qu’est-ce que tu proposes comme solution ?
- Comment penses-tu résoudre ce problème ?
- Qu’as-tu appris qui puisse t’aider pour la prochaine fois ?
Là encore, si nous avons déjà (ou que nous croyons avoir) la réponse, la discussion sera biaisée… Et, là aussi, cela demandera un temps d’adaptation pour que l’enfant soit capable de formuler des réponses. Normal, il n’a pas appris ! Et ce n’est pas si facile pour nous non plus !
Outil n°5 : Le cercle de parole familiale
Quel meilleur moyen de faire partie d’un groupe que de participer à ses décisions ? À quelle heure se coucher ? Comment gérer le temps d’écran ? Quelle routine le matin pour être à l’heure ?
Toutes les règles peuvent être discutées, ce qui ne veut pas dire que les enfants décident. C’est l’occasion d’expliquer nos positions et pour les enfants de comprendre et s’engager. Plutôt que de les protéger à leur insu, il peut être plus efficace de partager nos craintes. Quelle plus belle façon que de se faire confiance mutuellement ?
Et dans le couple, si l’un est plus permissif et l’autre plus autoritaire, se concentrer sur la solution permettra de se soutenir mutuellement tout en aidant les enfants.
Outil n°6 : Se faire confiance et prendre le temps de s’adapter nous-aussi
Changer de manière d’éduquer n’est pas toujours facile. On n’est pas né avec le mode d’emploi alors, on cherche. On essaie. On tâtonne. Ça tombe bien, cela nous donne l’occasion de dire à nos enfants que la solution toute faite n’existe pas et qu’on peut se tromper aussi.
Caroline, maman de Sid, 15 ans, Noah, 8 ans et Isis, 5 ans
À lire sur la Discipline Positive :
(1) Jane Nelsen est docteur en éducation et thérapeute familiale renommée et a écrit de nombreux ouvrages.
“La Discipline Positive, en famille à l’école, comment éduquer nos enfants avec fermeté et bienveillance”, de Jane Nelsen et Béatrice Sabaté.
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Coucou,
Chouette article mais je ne vois pas le lien vers le pack ?
Merci
Bonjour à vous 4,
Merci pour cet article qui est une superbe intro pour la lecture d´un livre qui m´attend depuis quelques mois déjà. La discipline Positive de Jane Nelsen. J´ai hâte de le lire pour en savoir un peu plus sur le sujet 🙂